
La vie se résume à quoi en fin de compte ?* - Elle se résume tout au plus en une accumulation de journées, qui peuvent être chronométrées indéfiniment en se ressemblant, à quelques nuances près, entonne-t-il. Il est amusé de constater que certains pourraient croire qu’ils vivent différemment leur temps, alors qu’en réalité, leur existence est programmée de manière linéaire, sans qu'ils s'en rendent compte. La réalité est qu’ils sont pris, à leur insu, dans le tourbillon de l’infini éternel retour. Imperturbablement.
Fatalisme ? Certainement non, et il en est convaincu. En fait, l’expérience abrupte de la vie lui a appris qu’au-delà de son ambition personnelle, il y a les impondérables du temps qui passe. Car personne n’est seul. Chaque individu longe sa ligne dans un environnement multiple, le sien immédiat, noyé qu’il est dans la Communauté qui encadre son ‘’évolution’’. Au-delà, il y a ce que le sens commun et la philosophie appellent la destinée. Quand on croit que l’on maîtrise les leviers de son destin, on est floué par les innombrables et contradictoires désirs qui défilent au contact d’autrui.
Se profilent alors les contretemps qui lorgnent et qui finissent par créer les syncrétismes inévitables, à force de vouloir se faire plaisir en satisfaisant les autres. Ceux-ci sont légion cependant, et leurs ambitions ne sont généralement pas en harmonie avec le regard que nous posons sur notre propre parcours. De là naissent toutes les incertitudes qui fourrent leur nez là où nous croyions que tout est platitude.
Le vécu humain est ainsi ordonné, selon un rituel cognitif édifié en fonction des habitudes de chacun, s’avoue-t-il. Une chose est certaine : l’Homme répète son mode de vie à l’infini. Les uns orchestrent leur quotidienneté par des voyages, des sorties et des occupations (les mêmes, tout le temps), les autres se limitant à aller au boulot, à bouffer et dormir, le tout ponctué de servitudes liées à leur environnement familial immédiat. Mais tous s’attèlent à s’accomplir selon un schéma prédéterminé par eux-mêmes, de sorte qu’ils font la même chose, tout le temps, en croyant qu’ils vivent autrement. Les certitudes, il en a de quoi remplir toute une vie.
C’est en cela qu’il sait qu’en fait, les vacances, les sorties, les escapades nocturnes, les et les… s’exécutent selon une trame bien rodée. Ce qui laisse insinuer la routine qui s’installe partout, même dans le semblant de différence. Les uns voyagent, sortent comme on dit, vont au club ou au restaurant, boivent un verre avec les copains/amis/dulcinées…, tout cela suivant une cadence onomatopée; ce qui est tout à fait similaire aux gestes quotidiens de ceux qui ne font que travailler, manger et dormir. La différence/nuance est que les premiers ont l’illusion de vivre différemment chaque jour/nuit, alors que les seconds meurent bêtement. Entre les uns et les autres, la joie de vivre couvre certainement et variablement la qualité de leur routine immanente, permanente.
(*) Billet tiré du roman "Une journée à la fois"
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